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de Bernardino Femminielli
Biographie de Bernardino Femminielli
De loin, sa silhouette est un peu floue. Difficile de savoir si c'est la moustache fraichement taillée ou le blouson simili-cuir vintage trop serré sur son tour de taille, reste que le Canadien, qui a choisi son nom d'emprunt en hommage aux transgenres efféminés de la Grèce antique, ressemble étrangement à une version semi-porno d'un Demis Roussos traité en cure Weight Watchers au Studio 54. Impression d'hologramme clignotant comme l'enseigne d'un bordel de nuit, en cette belle après-midi de septembre, près de Montmartre, il y a de quoi se demander si Bernardino existe vraiment.
Si Femminielli semble aussi porté sur l'anachronisme et les tiroirs à doubles fonds, sa musique reste encore son meilleur avocat. Il sera notamment question dans cet article d'un musicien inconnu au bataillon qui sort ces jours-ci un album nommé « Double Invitation » évoquant autant l'esthétique du Tron de Steven Lisberger que la disco pré-SIDA, le triolisme accidentel, Giorgio Moroder, les clips érotico-rococo bricolés à la maison comme on les consomme par paquet de douze sur YouTube ou l'androgynie telle qu'elle fut décrite voilà déjà bien longtemps par Lou Reed dans Walk on the wild side. Doo, doo, doo, doo, changeons de paragraphe.
En descendant la rue qui nous amène tout droit vers un bobo-bar de Pigalle, Bernardino me raconte des choses que je n'écoute qu'à moitié. Faut dire qu'il a bien changé, ce quartier. La faute à une certaine bourgeoisie du cool ayant décidé qu'une épicerie bio valait mieux qu'un sex shop ouvert 24/24, le bouton de pus du XVIIIe arrondissement s'est fait, en l'espace de quelques années, lifter la façade, et les hôtels de passes semblent tous fermer un à un, cédant du terrain à une industrie touristique qui voit désormais débarquer toute l'Europe d'en bas, appareil photo à la main et tongues aux pieds, prête à lécher les vitrines dégueulasses du quartier pour s'acoquiner en vain avec des vibromasseurs confectionnés en Chine. On diverge. Si Pigalle la nuit n'est plus que l'ombre d'elle-même et que les monsieur-madame (« Plucked her eyebrows on the way/Shaved her leg and then he was a she », dixit Lou) ne font plus la queue au Monoprix après l'amour pour se débarbouiller la face, Bernardino paraît comme le jouvenceau bien heureux d'être là, dans cet ailleurs impossible où se désagrègent lentement putes, maquereaux et marlous à la petite semaine.
Comme le parfum de la nouveauté ébranle toujours celui qui n'a rien connu avant, son « Double Invitation » s'avèrerait presque original, maintenant que le grand Giorgio ressemble davantage à un pédophile reconverti en vendeur de bagnoles qu'à ce précurseur du déhanchement des bassins qu'ont jadis connu nos parents. Étant entendu que nos géniteurs sont tous devenus d'abominables réactionnaires bientôt prêts à voter Front National en écoutant l'album blanc des Beatles, revenons une nouvelle fois à la ligne pour dérouler l'histoire de Bernardino.