LIVE REPORT / Revivez le concert de Sting au Festival de Carcassonne !
Sting est un show man, c'est une vérité Wikipédia. Un type qui ne disparaît jamais des écrans puisqu'il ne cesse sa métamorphose, physique ou musicale. Ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre. Sa carrière, à la fois couronnée de succès et parfaitement rectiligne, fut impeccablement résumée en 1h30 de concert. Pas de première partie : le star system impose l'exclusivité de la scène sans doute.
La foule se presse : compacte, enthousiaste, déjà conquise. La tranche d'âge est sensiblement élevée : on vient voir Sting avec un plaisir jouissif mais régressif, celui de revivre sa jeunesse, un souvenir de bringue déjantée aux sons de Police... La jeunesse d'aujourd'hui, elle, a préféré Calogero la veille : concert tout aussi complet, fans enamourées malgré le scandale de plagiat. Dans 30 ans, qu'en restera-t-il ? Telle est la question.
Puis soudain, l'icône anglaise paraît, pile à l'heure : svelte, jean sombre, docks martins, tee-shirt bleu ajusté. Après la blondeur peroxydée, sa barbe brune abondante et soignée signe un nouveau style, proto-hipster en quelque sorte : il ne cherche pas à faire revivre les 80's puisque lui les a déjà vécues.
Pas de discours, direction micro. Une démarche féline, un sourire aux lèvres et le voilà qui décroche le premier hit de la soirée : « If I ever loose my faith in you ». Scénographie dépouillée : là où d'autres multiplient les écrans, les rideaux, les décors, les fumées et autres lumières affriolantes, Sting semble répondre que là où se trouve la bonne musique, il ne manque rien. Pas d'effets de manches, donc. Sting cherche à se faire plaisir dit-il explicitement, et par là-même à satisfaire son public en alternant le best-of de Police (« Walking on the moon », « Message in a bottle », « Roxanne », « So lonely », « Every breath she takes ») et de sa période solo (« English man in New-York », « Mercury falling », « Fields of gold », etc.).
Se dessine alors la palette des influences musicales : le jazz suinte à tous les étages, avec les échappées belles du pianiste, qui offre de délicates improvisations avant que le violoniste prodige Peter Tickell ne se livre à une bataille virtuose et conquérante en bord de scène, dans un joli pas de deux avec Sting. Puis le rock et la pop bien sûr. Des influences arabes aussi quand en fin de set, il entonne, bras déployés, le tube « Desert rose » et chante « Ya lili ah ya leel » en ondulant malicieusement des hanches. Joli moment de fusion des genres en communion avec le public.
La choriste aux faux airs de Twiggy, Jo Lawry, donne de la voix mais le sonorisateur semble l'avoir oubliée et si ce n'était de jolies mimiques et quelques échos lointains, sa présence est totalement sous-exploitée. Le batteur Vinnie Colaiuta quant à lui assure un show éblouissant, placé au premier plan côté sonorisation et transcendé par les compliments récurrents de Sting sur le thème de « applaudissez, mesdames et messieurs, le meilleur batteur du monde » en français dans le texte.
Pendant plus d'1h30, les chansons s'enchaînent sans pause, pas un fil ne traîne sur la scène, tout est propre, fluide, pro. Un peu trop sans doute. Des individus talentueux sans réel esprit de groupe qui font le job au service d'un bassiste et d'un chanteur hors pair. La magie du site, en bordure des remparts médiévaux de Carcassonne et son acoustique parfaite servent d'écrin à un show ultra calibré, efficace et sans surprise. Quelques rappels sous un ciel d'applaudissements et puis s'en va. À voir les visages béats des spectateurs, Sting - "dard" en anglais, a touché sa cible.
Report par C. G. et photos par A. R.